Histoire du monument historie

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Alors que les Belges invoquaient le droit le plus sacré, celui d’être soi-même, celui de revendiquer le bien le plus précieux, le droit le plus divin,… la liberté !… une lutte longue et sanglante fut soutenue par tous les braves que le pays renferme : il y eut bien des combats partiels qui arrosèrent le sol de la patrie du sang de ses enfants généreux. Mais la lutte la plus acharnée, la plus étonnante et la plus décisive fut celle de Bruxelles où quelques-uns de ces braves s’étaient réunis pour seconder la population.

Les quatres journées de Septembre ont décidé de la vie d’un peuple, ont régénéré la Belgique : des braves de tous les rangs, soldats improvisés, ont osé résister à une armée nombreuse et disciplinée, ont su déterminer sa retraite.

Mais si leur résistance a pu vaincre et décimer cette armée dominatrice, leur nombre déjà bien faible fut considérablement réduit ; plus de la moitié des ces braves furent moissonnés par la mitraille, et le sang de ces martyrs a scellé l’édifice sur lequel repose la nouvelle patrie.
Dès la fin du troisième de ces jours mémorables, un monument fut décrété pour recueillir et honorer les cendres de ces héros que la mort venait de frapper, et l’on décida qu’il serait érigé sur la belle place de Saint-Michel, laquelle reçut en même temps un nom qui consacrait le souvenir de sa destination.
Le monument de la place des Martyrs fut ordonné par le décret suivant :

 

DECRET DU GOUVERNEMENT PROVISOIRE.

« La Commission administrative, vu le nombre des victimes qui ont succombé dans notre lutte glorieuse ; vu la nécessité de veiller à la salubrité publique, et voulant en même temps donner de dignes funérailles aux braves défenseurs des libertés ; arrête :
Une fosse sera creusée sur la place Saint-Michel ; elle sera destinée à recevoir les restes des citoyens morts dans les mémorables journées de Septembre.
Un monument transmettra à la postérité les noms des héros et la reconnaissance de la patrie.
Les patriotes belges prennent sous leur protection les veuves et les enfants des généreuses victimes.
Bruxelles, le 25 septembre 1830.
La commission administrative,
Baron Vanderlinden d’Hooghvorst, Rogier, Jolly. »

 

La première pierre du monument de la place des Martyrs, une des beautés, mais surtout une des gloires de la Belgique, fut posée par le président du Congrès, le 4 décembre 1830 ; il fut inauguré le 24 décembre 1838, et enfin au mois de mars 1849, l’habile artiste G. Geefs, chargé de la statuaire de cet édifice élevé par la reconnaissance des Belges aux mânes des braves qui succombèrent dans cette lutte héroïque, a terminé son oeuvre par le placement du dernier des quatres bas-reliefs auxquels il travaillait depuis plusieurs années.

Elevé par la reconnaissance des Belges, aux mânes des braves immolés dans cette lutte héroïque, qui valut à la Belgique l’indépendance, et lui permit de donner son nom aux institutions sagement libérales, bases inaltérables de sa tranquillité intérieure, et de la haute estime dont elle jouit parmi toutes les nations du globe, ce monument funèbre doit sa naissance au décret du gouvernement provisoire qui précède, décret prononcé dans des jours d’agitation, de tumulte et de préoccupations tellement grandes, qu’il fallait le sentiment profondément religieux du peuple belge pour qu’il ne fût point ajourné à une époque plus calme.

(extrait : Monuemnt des Martyrs, 1849, Imprimerie de D. Raes et Labroue)

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